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Julien Mauve

12.05.2023 - 01.07.2023
Il Miracolo
Il Miracolo

Il Miracolo

Julien Mauve

vue d'exposition. Photo : Alexandre wallon
Il Miracolo

Il Miracolo

Julien Mauve

vue d'exposition. Photo : Alexandre wallon
Il Miracolo

Il Miracolo

Julien Mauve

vue d'exposition. Photo : Alexandre wallon
Il Miracolo

Il Miracolo

Julien Mauve

vue d'exposition. Photo : Alexandre wallon

Pour sa troisième exposition personnelle à la galerie, Julien Mauve offre une nouvelle interprétation d'un thème récurent dans son travail que l'on pourrait titrer ainsi  : "le monde après nous". Il Miracolo (I), réalisé à Naples et Il Miracolo (II), à Venise, célèbrent le feu et l'eau, éléments qui composent l'Univers. La menace du Vésuve à Naples et l'enlisement de Venise renvoient à la question de notre existence, au fatalisme et à la résistance contre la puissance de la nature pour survivre coûte que coûte.

L'artiste inscrit le premier chapitre de cette enquête artistique dans la baie de Naples. Lieu unique d'un développement incontrôlé de l'urbanisation autour du Vésuve, où la menace des éruptions se fait oublier grâce aux bienfaits de la fertilité des sols, à la richesse de la culture et à la force de la religion. Grâce au temps passé en plusieurs séjours sur place, l'artiste approfondi son expérience visuelle et sensorielle et réalise une étude anthropique par la photographie de paysage. Le souffle silencieux du volcan est le point de départ. Julien Mauve inspecte la nature environnante, le mouvement des montagnes mesuré par les capteurs de l'observatoire du Vésuve, le paysage urbain et les hommes qui l'habitent. Il dresse le portrait collectif d'une société et se concentre sur sa capacité à faire face à la menace quotidienne, sachant que le géant fertile peut à tout moment se transformer en un dieu impitoyable, capable de détruire tout ce qui se trouve à ses pieds. La science ne pouvant réussir à prévoir les éruptions, la foi supplée, insufflant le calme nécessaire pour apaiser l'inquiétude des âmes. C'est le miracle annuel du sang liquéfié de "Saint Janvier". Julien Mauve consacre ce phénomène inexplicable - déjà décrit en 1799 par le général Thiébault, comme moyen d'exorciser la peur face à la finitude humaine et à l'immensité de la nature. (d'après un texte de Viviana Gatica).


A Venise, Julien Mauve nous invite à prendre conscience du changement climatique en l'observant sous une nouvelle perspective : la montée du niveau des mers, menace pour un site précieux régis par un équilibre précaire. La Cité lacustre, contrairement à la Venus Anadyomène du Titien, s'abîmera. Le changement climatique ne laisse aucune chance à la possibilité d'une résurrection. Le temps où les hommes avaient un quelconque pouvoir face à ces déroulements est révolu et, battant en retraite, ils s'abandonnent à la sublime vision de l'enlisement. En convoquant le concept d'abstraction, grâce à un protocole qui permet de prendre des vues à travers un aquarium portatif rempli d'eau teintée, Julien Mauve nous projette hors du temps. Les ?uvres sont des antidotes à la décadence décrite par Gerolamo Rovetta dans son récit intitulé "Sous l'Eau". Antidotes à l'atmosphère étouffante du déclin humain dépeinte par Thomas Mann dans le roman "La Mort à Venise". La cité dépouillée de ses habitants. Seuls restent les témoignages des portes et fenêtres fermées, ceux des magasins endormis sous les arcades des portiques. Si le miracle arrive, il sera embrassé passivement comme Venise embrasse son sort. Tout est mollement arrêté, le Zeitgeist suspendu, en attente d'un devenir. Venise est une relique purifiée par l'inondation. L'eau est l'"Eau Sainte", épurée des débris putrides et de la boue. L'artiste privilégie le flou, capture les bâtiments hors focus, créant dans une magie, un paysage onirique et mystérieux. Contemplation infinie de la mémoire impérissable et sérénissime. Les majestueuses figures des mosaïques d'or de la Basilique de Saint-Marc, symboles du pouvoir ancien de la ville portuaire la plus importante du Moyen Age, regardent l'eau monter, face à la sacralité du Christ de l'église San Michele. Et nous nous interrogeons. Comment mourra Venise ?