Lucas Leffler

Ces œuvres uniques, sculptures photographiques composées d’iPhones usagés, explorent une année charnière dans l’histoire de la photographie. En janvier 2007, Apple révolutionne l’industrie en lançant le premier iPhone, bouleversant à jamais la photographie numérique. Quelques mois plus tard, Kodak fait imploser ses usines à Rochester, aux États-Unis, marquant le crépuscule de l’ère argentique. Pour Lucas Leffler, ces événements, apparemment sans lien direct, incarnent le basculement historique de la photographie analogique vers la photographie numérique.

Cependant, Lucas Leffler refuse de se résigner à la disparition de la photographie argentique. Pour démontrer que ce médium bicentenaire a encore un rôle à jouer, il fait appel à l’ambrotype, une technique photographique datant de 1854, qui permet de fixer l’image sur une plaque de verre enduite d’une émulsion photosensible. L’artiste utilise cette méthode pour révéler l’image de la destruction des usines Kodak directement sur les écrans de verre des iPhones, transformant ainsi l’objet omniprésent dans les poches d’un milliard de personnes en 2024 en un simple support.

Ce geste artistique offre à Kodak une revanche symbolique sur Apple. En fusionnant l’héritage de la photographie argentique avec l’appareil numérique le plus répandu, Lucas Leffler transforme une vision de déclin en un acte de résistance poétique, exorcisant l’image traumatisante de la fermeture des usines Kodak. Sa démarche, résolument optimiste, tisse ainsi un lien entre les origines de ce médium et l’art contemporain.